La contrainte des vingt minutes est là pour obliger les participants à concentrer leur narration sur les détails essentiels... Ce n'est pas pour ça qu'ils le font :) Et voilà comment Kalys commence un texte sans jamais le finir, sur une consigne pourtant imaginée par elle.
Thème imposé : un magasin de jouets, une
boîte de jeu intrigante, un gamin rentre, un bonhomme derrière le
comptoir.
*
Sylvain passait tous les
matins, et tous les soirs, devant le magasin de jouet, parce que
celui-ci se trouvait sur le trajet qui séparait l'école de la
maison. A chaque fois, le petit garçon s'arrêtait devant la
vitrine, même si ce n'était que pour une poignée de secondes. Il
aimait particulièrement regarder le bateau pirate, avec ses canons
en plastique qui tiraient de vrais boulets, à au moins vingt
centimètres. Il le savait, puisque son copain Nicolas en avait un
exemplaire. Il y avait aussi un tigre en peluche, que Sylvain se
figurait être à taille réelle, et un étalage de jeux de société
– mais comme il était fils unique, il ne pouvait qu'imaginer
comment on y jouait. Tous les jours, il jetait au moins un coup
d’œil, et repartait d'un pas plus léger, comme si envisager
toutes les histoires qu'il pourrait créer avec ces jouets suffisait.
Ce soir-là, il faisait
gris, mais pas trop froid, et Sylvain traînait des pieds parce que
ses parents s'étaient disputés la veille, et qu'il n'avait pas très
envie de rentrer à la maison. Arrivé devant la boutique, il
s'immobilisa. On avait changé le contenu de la vitrine. Au milieu,
trônait une grande boîte, autour de laquelle poupées et robots Transformers semblaient monter la garde. Le regard de Sylvain était
tout naturellement aiguillé vers cette boîte. Sur la couverture, on
pouvait lire : « Seul ou à plusieurs, défiez le dragon et
remportez le trésor ». L'illustration montrait un groupe
d'aventuriers se mesurant audit dragon. Sylvain sut tout de suite
qu'il lui fallait absolument ce jeu, qui lui promettait des aventures
épiques en solitaire. Ce serait plus marrant que de jouer tout seul
aux Playmobil, c'était certain. Seulement, il savait aussi que pour
convaincre ses parents, il faudrait qu'il connaisse le prix, et que
celui-ci soit abordable.
Il n'était jamais rentré
dans le magasin et avait un peu peur. Il n'y avait jamais personne
dedans, ou alors des filles venues avec leur mère acheter des
poupées, et toute cette féminité avec ses petits regards aigus et
ses histoires incompréhensibles l'intimidaient. Il s'approcha
toutefois, en mettant ses mains en coupe pour distinguer l'intérieur
plongé dans la pénombre. C'était peut-être fermé. Les hautes
étagères bardées de jouets paraissaient un peu menaçantes, comme
des remparts du haut desquels tout ce petit monde l'observait. Il y
avait au fond une alcôve un peu mieux éclairée, mais sinon,
l'endroit paraissait désert.
Une silhouette passa
devant la porte et Sylvain sursauta. Puis la porte s'ouvrit, et un
homme se pencha devant lui : « Alors, tu rentres ? »
Le propriétaire se redressa, évoquant à Sylvain un serpent qui se
déplie, et lui tint la porte ouverte.
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