mardi 17 avril 2012

La chose


Ça avait commencé.
La chose était vivante. Lovée dans la chaleur humide de l'utérus, accrochée à la paroi, elle commençait déjà la lutte pour la survie. À peine une ébauche, et déjà elle montrait son acharnement à exister.
Être un ventre. Une fonction biologique. Un corps procréant. La chose à l'intérieur, la preuve implacable de la servitude organique. Une chose produisant une chose.
La gestation se faisait dans le plus grand secret. La chose grandissait, mais discrètement. Elle dormait et se nourrissait à l'intérieur, pompant les fluides à travers le tuyau. La chose était branchée dans une horrible intimité à ce corps vivant. La chose inconsciente accrochée à la chose pensante. Ignoble mariage.
Pour que le phénomène se produise, un autre mariage monstrueux avait eu lieu. Un organe mâle planté à l'intérieur. Une autre chose, peut-être pas pensante. Y avait-il un esprit à l'autre bout de ce corps agissant ? Le mouvement avait été mécanique, régulier, rapide, agressif, absurde. Une série de coups de boutoir butant sur le col de l'utérus. Forçant le passage pour y faire rentrer la graine. La graine qui allait devenir la chose.
Le temps passant, la chose commençait à se manifester. Elle bougeait dans le fluide chaud et poisseux. Son cœur battait comme une paire d'ailes minuscule. Ses doigts s'ouvraient et se fermaient. Sa tête était énorme.
Puis son corps devint plus fort. Ses jambes s'épaissirent. De la chair et des muscles rudimentaires se développèrent. Et la chose commença à cogner pour sortir.

La suite ici...

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